Kyūdō, le tir à l’arc zen

Le rapport qu’entretient la culture asiatique avec le tir à l’arc est assez particulier. Si de nombreux archéologues conviennent sur le fait que l’arbalète fit son apparition en Chine, au pays du Soleil levant, une pratique singulière du tir à l’arc est perpétuée depuis des générations et a finalement conquis l’arène sportive. Faisons un bref récapitulatif de l’histoire du Kyūdō.

Kyūdō ou « la voie de l’arc »

Traduisant littéralement comme « la voie de l’arc », Kyūdō est un mot composé japonais, mais inspiré de vieux vocables chinois. En effet, le Kyū (arc) est la prononciation chinoise du yumi (arc) japonais. Ce tir à l’arc se distingue de sa variante occidentale du fait de ses influences (le zen, le confucianisme, le shintoïsme et le taoïsme) majoritairement empruntées à la culture japonaise. Quant au dō (voie), il est le même qu’on retrouve par exemple dans jūdō ou encore kendō. Le kyūdō est donc une discipline qui exprime l’une des voies martiales japonaises. Il a pour objectif d’enseigner par la maîtrise du geste, le développement de la discipline du corps et de l’esprit et de leur harmonie. Au Kyūdō, pour atteindre sa cible, il faut impérativement harmoniser ces deux composantes de l’être. L’archer doit alors être conscient de son environnement, du contexte et des personnes présentes avant d’effectuer son tir. Pour réaliser le tir parfait la cible, l’environnement, l’arc, la flèche et lui ne doivent faire qu’un.

Évolution du kyūdō

Le kyūdō est le résultat d’un long cheminement historique de l’art japonais du tir à l’arc. Celui-ci représentait pendant longtemps (entre le XIIe siècle et le XVIe siècle), l’une des armes les plus prisées des guerriers japonais (avec le sabre bien évidemment). Son utilisation devint plus rare les décennies suivantes avec l’importation de nouvelles armes en Asie telles que le mousquet. En parallèle à l’école de guerre (heikiryū) instituée par les guerriers japonais, une autre école de tir à l’arc connut un développement considérable : il s’agit de l’Ogasawa-ryū. Celle-ci fut boycottée totalement de l’aspect guerrier du heikiryū pour assimiler à l’arc des pouvoirs magiques dans la tradition japonaise.

Il faudra attendre la Seconde Guerre mondiale pour que le Kyūdō fasse réellement parler de lui au-delà des frontières japonaises. Depuis ce temps, cette école du tir à l’arc est souvent associée à tort au bouddhisme zen, car aucune de ses composantes ne possède un caractère religieux ou spirituel. Le terme Kyūdō est usité dans plusieurs écoles à partir du XVIe siècle. L’enseignement et la normalisation de la discipline vont même connaître un coup de boost exceptionnel avec la création de la fédération japonaise de Kyūdō au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd’hui, il est possible de compter des fédérations de Kyūdō en Europe et aux États-Unis. En 2006, la fédération internationale de kyudo voit le jour. Elle compte dans ses rangs dix-sept fédérations de différents pays. Dans l’univers du tir à l’arc, cette discipline n’est pareille à aucun autre même si elle a pu inspirer indirectement (et de loin )des archers ne la pratiquant pas.

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